Je commence ce dernier blog avec les dernières phrases de celui d’avant : les mois d’août et septembre sont mes préférés ! (Mis à part l’herbe à poux qui me donne son lot de désagréments, mais ça, c’est une autre histoire !) Je ne compte plus les kiosques maraîchers où j’ai fait le plein de maïs, carottes, concombres, tomates, courgettes, fraises, bleuets, framboises, confitures, tartes, marinades…. oui je fais du name dropping agricole, chacun sa façon de se péter les bretelles ! Sans parler des charcuteries, saucisses, alcools, bières et autres viandes d’élevage qui ont fait de mes 5 à 7 des moments de pure détente pour équilibrer mon été qui m’a encore une fois, mis un peu de broue dans le toupet. Vous direz : « Elle exagère ! » Je vous réponds : « À peine », et oui je suis une épicurienne. Je crois que la meilleure manière de transmettre c’est de vivre ce qui nourrit nos propos et notre pensée.
Qui peut résister à un maïs frais cassé du jour, qui explose dans la bouche avec ce goût sucré qui n’appartient qu’à cette tradition et nous fait s’extasier chaque année : Non mais yé tu bons le maïs c’t’année !
Le bonheur simple et si satisfaisant, de croquer à pleine dent, dans un concombre ferme, rafraichissant, dont on se délecte avec autant de plaisir qu’un bol de chips ! Vous direz : « Elle exagère ! ». Je vous réponds : « À peine ! ». Je suis une enfant qui a été élevée aux crudités, les carottes du jardin de ma mère, se transformaient en chasse au trésor ! Qui sortira la plus longue, la plus grosse, la plus sucrée ? Je retrouve encore aujourd’hui cette même joie vécue par mes garçons, dans le même jardin de mon enfance, c’est touchant. Dans mon journal de finissante de secondaire 5, la caricature qui me représente est une chanteuse qui chante dans un micro en forme de carotte, vous voyez bien que mon exaltation crudivore est réelle ! Mais bon, il n’y a pas que les crudités dans la vie.
Non, il y a aussi la sauce tomate, les sandwichs aux tomates, les tartes aux tomates, tant qu’on ne m’en lance pas à la figure, tout me va de la tomate ! Ma belle-mère m’a appris à faire ma sauce maison et depuis, je l’avoue, les tomates en canne du commerce ont disparu de mon garde-manger. Tomates italiennes, oignons, ail de mon jardin, basilic, sel, poivre, un trait de sirop d’érable pour couper l’acidité et voilà ! On congèle et on rajoute au fil de nos recettes des saisons à venir, protéines, légumes, épices de son choix et c’est tout le soleil de nos trop courts étés qui explose en bouche.
Pour vous prouver la véracité de mes escapades et de mon amour potager, voici une photo de mon amie Lana Jobin, instigatrice d’une entreprise de culture bio et qui tient un magnifique kiosque à Saint-Alexis-des-Monts, où j’ai fait le plein de couleurs et de saveurs. Contrairement à l’époque où avoir le teint blanc poudre était un signe de bourgeoisie et de richesse, les travailleurs de la terre exposent leur peau bronzée, leurs bras musclés, leurs mains qui racontent leurs journées et ce sourire fier de mettre à jour le fruit de leur labeur.
Mes deux pommiers dans ma cour sont chargés de pommes ! ils alimentent mon émerveillement au printemps de leurs mille fleurs et me mettent en plein visage la générosité de dame nature en septembre. Je croque, je compote, je déshydrate, je croustade et je tarte ! Vous direz : « Elle exagère ! », je vous réponds : « Un peu ! », c’est ma soeur qui fait la meilleure croustade et pour les tartes je préfère me rabattre sur le savoir-faire des transformateurs de la région. Je n’ai jamais su faire une pâte à tarte digne de ce nom, il y a des limites à s’auto-suffire dans toutes les sphères culinaires !
C’est l’heure de la rentrée, la vie reprend une routine salutaire, la lumière dorée magnifie la nature qui commence son déclin vers un repos nécessaire. Moi aussi je m’apaise. Après avoir voulu profiter des chauds rayons de notre été filant comme une étoile qui passe emportant avec elle tous nos vœux perséides et nos photos de vacances… trop courtes, je commence à apprécier les jours plus courts qui nous ramènent à l’intérieur. Ça me rappelle la chance que nous avons de vivre sur un coin de la planète qui nous offre le spectacle changeant des 4 saisons. L’heure est aux inventaires, aux chrysanthèmes et à la petite laine des soirées plus fraîches. J’ai sorti la mijoteuse sur mon comptoir, elle frémit déjà à l’idée d’offrir son bouilli d’automne, si réconfortant, entre petites fèves, quartiers de choux, pommes de terre, carottes et rôti de palette qui fondra dans la bouche.
Avec ce dernier éloge au meilleur de l’industrie agroalimentaire de la Maurice, je boucle un cycle où j’ai eu beaucoup de plaisir à vous partager ma fierté régionale. J’espère que vous avez eu du plaisir à me lire, que j’ai réveillé en vous un réel désir de manger notre belle Mauricie et de faire la rencontre de ceux et celles qui mettent la table. Bravo aux autres ambassadeurs, Alain Dumas, Samy Benabed et Joëlle Carle, ensemble on a, je l’espère, contribué à solidifier, changer ou diversifier vos habitudes de consommation alimentaire régionale. Vous direz : « C’est déjà fini ? », je réponds : « Ça ne fait que commencer ! »